Bénéteau tangue dangereusement et se prépare à des annonces difficiles. La direction du groupe vendéen travaille actuellement sur un projet de plan social, nécessaire pour surmonter une année catastrophique pour la plaisance française. Tous les segments sont affectés : les bateaux à voile ou à moteur, la croisière et la régate. Dès janvier, 2 000 salariés de Bénéteau et 1 500 de Jeanneau ont été mis en chômage partiel. Cette mesure n'a visiblement pas suffi. «Nous avons récemment partagé avec notre personnel notre inquiétude sur la chute du marché, explique Bruno Cathelinais, président du directoire. Nous réfléchissons au bon calibrage de l'entreprise pour l'année prochaine. Il s'agit de trouver le bon équilibre entre le sauvetage du maximum d'emplois et la pérennité du groupe.» Aucun chiffre n'a été annoncé.
«On souffre»
D'après un document interne que se sont procuré les syndicats, les difficultés actuelles auraient fait perdre 2,7 millions d'heures de travail. Ce volume représente 2 000 emplois selon la CGT de Bénéteau. Selon nos informations, les réductions d'effectifs seraient plutôt de l'ordre de 700 à 800 postes sur les 3 940 des chantiers Bénéteau et Jeanneau. «Il ne serait pas raisonnable d'envisager une autre solution qu'un plan social, explique un salarié du groupe. Tout le monde se prépare à une annonce courant avril.» Depuis janvier, les ventes sont en chute de 50 % en France par rapport à la même période de 2008. Le leader mondial de la plaisance est également très exposé aux marchés espagnol et britannique, où le recul a été encore plus brutal. Le Salon nautique de Paris s'était soldé par un carnet de commandes jugé satisfaisant par Bénéteau. Mais, depuis, les Salons de Londres et Düsseldorf ont confirmé la crise. Après avoir dépassé le milliard d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier, le groupe vendéen ne pense pas faire mieux que 646 à 742 millions d'euros cette année : une chute de 30 à 40 %. «On souffre, explique un concessionnaire Bénéteau. Le marché du neuf est plus touché que le marché de l'occasion. En général, je vends un bateau neuf par semaine. Depuis plusieurs mois, c'est plutôt un bateau tous les quinze jours.»
Pour l'heure, le chantier vendéen navigue en plein brouillard. Il espère une reprise en 2010 mais, selon les analystes, celle-ci ne devrait pas arriver avant 2011. «Des petits chantiers s'en sortent bien, dit un connaisseur. La situation est plus compliquée pour les gros chantiers qui ont des stocks.» Le dernier plan social de Bénéteau, l'un des plus gros employeurs de Vendée, remonte à 1993. Depuis, la croissance du secteur a été spectaculaire : les ventes de Bénéteau ont progressé chaque année en moyenne de 16 % depuis dix ans.
Source le Figaro du 2 avril