Brio et simplicité
Cette deuxième place, Armel Le Cléac'h l'incarne avec brio et simplicité. Lui qui disputait son premier tour du monde, lui qui n'avait jamais passé plus de 20 jours d'affilée en mer a réussi un double exploit : terminer sa course et se hisser sur la deuxième marche du podium. A 31 ans, ses nouveaux galons de cap-hornier sur l'épaule, le régatier de Morlaix, vainqueur de la Solitaire du Figaro 2003 et la Transat AG2R 2004 a effectué une course exemplaire.
Dès le coup d'envoi de ce 6e Vendée Globe le 9 novembre dernier, Armel fait partie du bon wagon : celui des 10 furieux qui vont se disputer la vedette pendant toute la descente de l'Atlantique, dans un rayon de moins de 100 milles. Dans cette plongée vers le Sud (et plus tard dans le Pacifique), Brit Air va faire route commune avec PRB et s'illustrer régulièrement en 4e ou 5e position. Au large du Brésil, au moment de contourner l'anticyclone de Sainte Hélène, celui que tout le monde surnomme 'le chacal' fait une incursion de plusieurs jours dans le tiercé de tête d'une course alors successivement menée par Loïck Peyron, Sébastien Josse et Yann Eliès.
Dans le Grand Sud, " Mémel " va intentionnellement mettre la pédale douce et se caler sur un rythme qui lui est propre, tout en restant au contact des hommes de tête. Préserver le matériel, s'accoutumer à la nouvelle donne des basses latitudes, tel sera son leitmotiv. Mais son âme de compétiteur lui intimera de ne jamais perdre le fil avec les leaders. De fait, il ne descendra jamais en deçà de la 10e place. Peu à peu, au moment même où Michel Desjoyeaux s'empare des commandes de la course, Armel va même reprendre des couleurs.
Cinquième à Noël
Comme tiré par la locomotive Foncia qui imprime son rythme dans le Pacifique, il passe Noël en 5e position puis le jour de l'an dans le fauteuil de 4e, toujours en la bonne compagnie de Vincent Riou. Au sein du top 5, ces deux-là ne vont plus se quitter jusqu'à ce que de malheureux événements les séparent : le chavirage de VM Matériaux à 200 milles du cap Horn, le 6 janvier 2009 au petit matin. Vincent Riou et Armel Le Cléac'h sont les deux hommes dépêchés sur place pour porter secours au skipper enfermé dans son bateau retourné. Armel Le Cléach arrive sur la zone de l'incident à 16h30, une heure environ après Vincent. Dès lors, les deux hommes vont se relayer pendant trois bonnes heures pour parler et soutenir Jean Le Cam qui sera récupéré vers 19h15 à bord de PRB…. Avec perte et fracas. Pour son rôle de Saint-Bernard, le skipper de Brit Air sera crédité d'un bonus de 11 heures par le jury international.
Troisième au cap Horn
Armel Le Cléac'h reprendra doucement sa route vers le Horn, le cœur et l'esprit envahis d'émotions contradictoires. Il franchit le cap le 7 janvier à 11h45, un des grands moments de son voyage. Il se trouve alors en 3e position, derrière Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain. Il conservera cette place jusqu'à ce que Veolia Environnement perde sa quille puis décide de renoncer le 2 février dernier aux Açores. Dès lors, l'objectif du plus jeune marin de la flotte sera de conserver son fauteuil sur la deuxième marche du podium, en temps réel et en temps compensé. Ses quatre derniers jours de course seront particulièrement éprouvants. Pris au piège par une forte dépression qui stagne sur sa route, Brit Air va se retrouver au près dans des vents de 40 nœuds émaillés de grains violents et d'une mer grosse (jusqu'à 9 mètres de creux) par le travers. Jusque-là, à part des chandeliers tribord cassés et une girouette hors service, son plan Finot-Conq avait échappé à la casse. Mais le fort coup de vent aura raison de la casquette de cockpit et du chariot de têtière de grand-voile.
Les temps de passage d'Armel Le Cléac'h
Passage équateur
Le 22/11 à 01h56 après 12 jours 12 heures 54 min de course
En 5e position
Passage Bonne Espérance
Le 06/12 à 13h14 après 27 jours 00 h 12 min de course
En 10e position
Passage cap Leeuwin
Le 17/12 à 17h40 après 38 jours 4 h 38 min de course
En 5e position
Passage cap Horn
Le 07/01 à 11h45 après 58 jours 22 h 43 min de course
En 3e position
Passage Equateur 2
Le 24/01 à 19h45 après 76 jours 06 h 43 min de course
En 3e position