Entre les deux leaders, la lutte ne baisse toujours pas d’intensité : trajectoires au cordeau, optimisation du plan de voilure, les deux adversaires se rendent coup pour coup. Même leur communication reste sous contrôle, quand ils avouent du bout des lèvres avoir, eux aussi, leur comptant de plantés de vagues. On ne dévoile pas ses faiblesses à la concurrence
Coques en vrac
Pour autant devant, les choses ne seront pas forcément simples. Pour Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), la course poursuite risque de comporter encore quelques figures de styles. Retrouver le bateau en vrac suite à un planté magistral dans une vague, peut révéler des caractères fort contrastés, du méthodique qui prendra patiemment le temps de tout remettre en état dans l’ordre, à l’énervé qui, à la manière du capitaine Haddock, s’en prendra à la mer entière et traitera les éléments de « coloquinte, courge » ou autre cucurbitacée.
Tous les concurrents, de plus ou moins bon gré, finissent par l’avouer. Le départ au tas est une des composantes de la navigation dans les mers du sud. Aujourd‘hui les bateaux sont menés à près de 100% de leur potentiel et chaque arrêt buffet est aussi une contrainte supplémentaire infligée au matériel. Jusqu’en 2008-2009, on abordait encore les mers du sud avec la volonté affichée d’en garder sous le pied, partant du principe que le matériel a de la mémoire. Depuis la victoire de Michel Desjoyeaux, les hommes de tête considèrent maintenant qu’un bateau doit pouvoir être mené au maximum de sa puissance. C’est une affaire de confiance dans la conception de la machine, dans la qualité des constructions. A ce titre, les deux bateaux de tête, construits chez CDK à Port-la-Forêt, dans un des chantiers les plus réputés en la matière, s’ils passent l’examen des mers du sud sans encombre, auront montré qu’un grand pas aura été fait en la matière.
L’ascension de JP
Il reste que personne n’est à l’abri d’un incident technique pouvant handicaper la marche du bateau. Jean-Pierre Dick, aux prises avec ce que l’on suppose être un souci de hook de foc et de gennaker de capelage, a dû faire l’ascension de son mât sur une bonne vingtaine de mètres pour réparer. Avec au final, deux heures d’un travail exténuant pour remettre son voilier en configuration de marche optimale. Jean-Pierre, visiblement épuisé à l’issue de l’exercice, pourra se consoler, en se disant qu’il dispose maintenant d’une machine capable de rivaliser avec les deux leaders. Il n’est après tout qu’à un peu plus d’une journée de route de la tête de course. Tous les espoirs sont donc permis…
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