Vendée Globe :Marc Guillemot, Sam Davies et Vincent Riou peuvent tous trois revendiquer cette troisième place
16/02/2009
Situation doublement inédite pour ce Vendée Globe 2008-2009 : Marc Guillemot, Sam Davies et Vincent Riou peuvent tous trois revendiquer cette troisième place : effective pour le premier, sur l'eau pour la deuxième et morale pour le dernier… Et c'est aussi la première fois dans l'histoire de la course que trois concurrents coupent la ligne d'arrivée en moins d'une douzaine d'heures.
Le classement de 16 heures
1 - Michel Desjoyeaux (Foncia) le 1 février à 16h11
2 - Armel Le Cléac'h (Brit Air) le 7 février à 9h41
3 - Marc Guillemot (Safran) 95j 03h 19' 36'' (bonification de 82h incluse)
4 - Samantha Davies (Roxy) 95j 04h 39' 01'' (bonification de 32h incluse)
5 - Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) le 16 février à 9h31
6 - Dee Caffari (Aviva) le 16 février à 14h12
7 - Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 1036 milles de l'arrivée
8 - Steve White (Toe in the water) à 688,5 milles du premier
9 - Rich Wilson (Great American III) à 2115,8 milles du premier
10 - Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) à 3301,1milles du premier
11 - Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) à 3754,3 milles du premier
3 - Vincent Riou (PRB) - réparation accordée
Double bagarre pour Marc Guillemot : le skipper de Safran a du puiser dans ses réserves pour arracher la troisième place du classement général à Sam Davies qui fut sa compagne de voyage pendant presqu'un demi-tour du monde. Mais aussi, le navigateur trinitain tenait à mettre un point d'honneur en finissant sa course devant les deux concurrents britanniques lancés à ses trousses. Heureusement pour lui, cette fin de course ressemblait plus au bal des éclopés, qu'à une régate acharnée en rade des Sables d'Olonne. On connaît les problèmes récurrents de grand-voile que Dee Caffari doit affronter depuis la latitude de la Nouvelle-Zélande. On a en revanche appris, lors de sa conférence de presse, que Brian Thompson naviguait avec une quille, elle aussi fortement fragilisée. Ce qui explique en grande partie pourquoi le skipper de Bahrain Team Pindar n'a pu revenir et dépasser son concurrent de Safran avant la ligne d'arrivée.
Révélateur de personnalités
Quelle que soit l'heure d'arrivée ou la place des concurrents, le public est là pour répondre à l'émotion qui envahit chacun à l'heure de franchir la ligne d'arrivée à la bouée de Nouch Sud. Aux derniers instants de concentrations succède une libération légitime : c'est Marc Guillemot saisi par la gravité de l'instant qui s'écroule sur le pont de son bateau, c'est Brian Thompson à califourchon sur son bout-dehors en train de saluer les amis qui les attendent, c'est enfin Dee Caffari qui n'en peut plus de danser et de serrer les poings dans le cockpit de son bateau.
Tous ont de bonnes raisons de se réjouir : Marc Guillemot, grâce à une ténacité hors norme, notamment dans les dernières heures, monte sur le podium de ce Vendée Globe. Brian Thompson remplit le contrat qu'il s'était fixé, à savoir : terminer dans les cinq premiers de ce Vendée Globe. Dee Caffari, quant à elle, peut s'enorgueillir d'être la première femme à boucler son tour du monde dans les deux sens : une maille à l'endroit, une maille à l'envers, c'est comme cela qu'on crée les plus jolis tricots.
Car tous ont vécu des aventures hors normes, comme le rappelait Marc Guillemot lors de sa conférence de presse d'hier au soir : " J'ai trouvé sur ce Vendée Globe, tout ce que je n'étais pas venu chercher… " En écho, Brian Thompson, malgré ses deux tours du monde en multicoque et en équipage pourrait lui répondre : " Cette course va au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer… " Et Dee Caffari d'enchérir : " J'ai vraiment commencé à faire du 60 pieds, il y a de ça dix-huit mois. J'ai détesté ma première course et je me disais : Mon Dieu, pourquoi tu fais ça ? Mais au bout du compte, j'ai adoré… " En invitant à son bord pour remonter le chenal des Sables d'Olonne, Kito de Pavant, Roland Jourdain, Jean Le Cam et Yann Elies qui n'avaient pu aller au bout de l'aventure, Marc Guillemot a peut-être parfaitement résumé ce qui faisait la magie de cette course unique : au-delà d'une régate planétaire acharnée, un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance demeure un formidable révélateur de caractères. Dans ce double match à trois qui vient de s'achever sur la ligne d'arrivée une sensation domine : le respect mutuel…