1- Sébastien Josse (BT) à 22 917,3 milles de l'arrivée
2- Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 1,1 milles du premier
3- Loïck Peyron (Gitana Eighty) à 6,2 milles du premier
4- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 10,6 milles du premier
5- Jean Le Cam (VM Matériaux) à 15,3 milles du premier
Les navigateurs solitaires sont incorrigibles. A peine le temps de profiter des premiers moments de plénitude après la correction subie dans le Golfe de Gascogne, que les voilà déjà en train de se battre comme des chiffonniers pour quelques milles nautiques. A leur décharge, cette grande descente sous spinnaker est particulièrement propice aux coups fourrés. Si ce n'est pas là que va se gagner le Vendée Globe, il est toujours bon de marquer quelques points vis-à-vis des adversaires directs. A ce petit jeu, Sébastien Josse et Jean Le Cam ont semblé particulièrement inspirés, puisque l'un prenait la tête de la course quand l'autre remontait en 5ème position, grappillant une quarantaine de milles sur les premiers au passage. Sébastien Josse n'est plus ce qu'on appelle un perdreau de l'année. Depuis son Vendée Globe de 2004, l'homme a pris du coffre : un tour du monde en équipage comme skipper sur la Volvo est une sacrée école de caractère et de technique. Et " Jojo " comme on le surnomme dans le petit monde de la course au large présente bien des atouts : un bateau performant, la condition physique du jeune homme bien fait qu'il est, la hargne des jeunes loups et cette étonnante capacité à digérer les enseignements des anciens. Le retrouver aux avant-postes n'a rien d'une surprise.
Bataille tactique d'envergure
Il reste que la bataille tactique qui s'engage ne trouvera peut-être sa conclusion qu'à l'heure de franchir le Pot au Noir. Si les enjeux sont simples, les voies du succès sont infiniment plus complexes. Faudra-t-il aller chercher un vent a priori plus établi le long des côtes africaines ou bien anticiper sur une rotation des vents à l'est, qui permettra de descendre vers les longitudes les plus favorables pour aborder le Pot au Noir, à savoir aux alentours du 25ème ouest ? Il faudra donc bien se garder de tirer des conclusions définitives sur les gains éventuels des uns et des autres avant le passage fatidique de la fameuse zone de convergence intertropicale… D'autant que les pièges sont encore nombreux sur la route : les dévents des îles peuvent provoquer des turbulences jusqu'à plus de 80 km de distance, l'évolution du gradient de pression en bordure de l'anticyclone des Açores peut engendrer des différences de force de vent significatives. Penchés sur leurs ordinateurs, les navigateurs doivent faire tourner les différents modèles pour essayer de dégager le meilleur compromis possible : c'est dans ces situations de transition que se jouent les meilleures cartes. Par temps clément, c'est le plus souvent tempête sous les crânes.
Gendarmes et voleurs
Pour d'autres la problématique est plus simple : ainsi Michel Desjoyeaux (Foncia) avouait-il avoir ce sentiment d'être embarqué dans une voiture de police à la poursuite de quelques malfrats… Pour le navigateur de Port-la-Forêt lancé à la chasse du groupe de tête, le dilemme est de trouver la bonne mesure entre une combativité indispensable pour revenir au contact et la prudence indispensable pour ne pas risquer la sortie de route. Dominique Wavre à bord de Temenos 2 se contentait déjà de ce que voulait bien lui donner Eole. Revenu en 17ème position à 114 milles des leaders, le navigateur suisse est bien conscient que tout peut encore se jouer. A l'échelle d'un tour du monde, son retard n'est pas grand-chose… Mais au vu de la qualité de la concurrence, cette évidence-là vacille quand même un peu. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) quant à lui, envisageait de repartir dans la soirée. Enfin, Jean-Baptiste Dejeanty, après expertise de son Groupe Maisonneuve annonçait différer sa décision de repartir ou non suivant le temps que prendraient les réparations.
Marc Guillemot : « J'ai eu un gros souci de pilote hier. J'ai oublié de paramétrer un élément sur mon pilote et j'étais à l'avant en train de manœuvrer mon gennaker, quand le bateau est parti à l'abattée. C'était le bazar complet et j'ai frisé le vrac… J'ai mis ensuite trois heures et demies sous grand-voile seule pour repartir. Avec la fatigue accumulée en plus, il m'a fallu du temps pour revenir dans le match. »
Loïck Peyron : « Le vent est très irrégulier tant en force qu'en direction et je dirais que ce n'est pas très agréable à travailler. Je suis vigilant et sur les réglages pour exploiter au mieux le potentiel de Gitana Eighty. Les températures grimpent tout doucement et j'ai aperçu quelques bébés " poissons volants " tout à l'heure. Mais ce n'est pas encore un vrai ciel d'alizé… Chaque chose en son temps. »
Steve White : « J'ai eu plein de petits soucis durant le mauvais temps avec ma quille et avec mon générateur. Mais je suis plutôt agréablement surpris de ma position, même si j'étais épuisé à la fin du coup de vent. J'ai ouvert aussi mes cadeaux d'anniversaire…* "*Steve White a eu 36 ans hier. »
Michel Desjoyeaux : « J'ai le sentiment d'être dans la voiture de police à la poursuite des voleurs. J'ai un avantage, c'est que je sais à quel carrefour ils sont… L'inconvénient, c'est qu'avec les clients qui sont devant, je doute qu'ils se laissent attraper facilement. »