D’ailleurs, au sujet de l’architecture, la chapelle présente nombre de caractéristiques propres à la période artistique et au caractère balnéaire de la ville. En effet, on peut remarquer par exemple la verticalité régulière dans le courant art-déco, laquelle est présente dans les lucarnes d’éclairage ou dans le triplet aveugle (partie en briques) du clocher. La réponse à l’identité océanique montoise est visible notamment dans la voûte rappelant une coque de bateau renversée ou encore un vitrail traitant l’Étoile de la mer. Ajoutons à cela les angles brisés en couronnement des ouvertures (lucarnes, porche…). On observe que ce dernier motif architectural est extrêmement présent aux environs de la chapelle dans des maisons qui lui sont contemporaines ou postérieures. Il n’est pas nécessairement faux de penser à une influence de la chapelle sur les autres bâtiments, d’autant que la forte récurrence de l’élément sur une telle échelle est une curiosité propre à de rares endroits.
Au sein de la chapelle, onze vitraux de style moderne commandés et offerts par le baron Jacques D’Assignies dans les années 1960 sont présents. Ils traitent la Vierge Marie et sainte Thérèse, notamment par la représentation de fleurs de lys et de roses. Par ailleurs, il est intéressant de noter que dans l’autel, est insérée la pierre noire sacrée d’Alexandre Ténèbre, abbé réfractaire de Croix-de-Vie.
A l’époque où une prise de conscience tardive a permis de sauvegarder nombre de bâtiments d’architecture d’inspiration balnéaire des fleuves de béton, la chapelle Sainte-Thérèse vit ses derniers instants, promise à une destruction totale (hors vitraux notamment). L’argumentation de la paroisse évoquée en octobre 2011 parlait de la nécessité d’effectuer des travaux de réhabilitation, notamment en lien avec les normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Par ailleurs, l’état du bâtiment présente certaines dégradations comme des fissures, de la vétusté et de l’amiante dans la chapelle d’été ou encore un gonflement des pierres par l’humidité entrainant la dilatation de certains vitraux.
Néanmoins, le bâtiment d’origine reste globalement sain et intègre, en témoigne la fiche d’inventaire réalisée en 2011 par le service patrimoine de la Région des Pays de la Loire qui parle de « bon état ». Malgré tout, l’avant-projet présenté par la paroisse Saint-Martin-des-Monts (et validé par le Diocèse de Luçon) le 23 avril 2014 est celui d’une chapelle entièrement neuve dessinée par le cabinet local OPS et d’une superficie totale de 230 m2 (contre plus de 600 m2 pour la totalité des bâtiments actuels). Sur le plan technique, rien n’empêche donc la sauvegarde, la restauration et l’agrandissement respectueux du bâtiment patrimonial de 1932 (par exemple par le remplacement du « hangar » postérieur) en incluant l’aménagement du terrain restant pour les messes de plein-air dans les meilleures conditions. Si l’on suit l’argumentation de la paroisse (lire Ouest-France du 25 avril 2014), il est comme évident que la question patrimoniale a été éludée au motif de problématiques financières, certes légitimes mais considérées comme infranchissables.
Dans le cas d’un site privé non inscrit ou classé monument historique (mais dont l’intérêt culturel n’est pas à prouver), des possibilités de financements ne sont pas à négliger par le biais du mécénat, de fondations… Il est regrettable que ces pistes n’aient pas été évoquées et expérimentées. Pareillement, le remplacement d’un élément architectural baigné de l’affection des générations qui ont vécu et grandi autour, par une structure contemporaine relativement banale, est extrêmement gênant vis-à-vis du quartier et de sa croissance autour de la chapelle originelle.
Sur le plan patrimonial comme religieux, la perte d’un symbole greffé à nombre d’histoires familiales et personnelles est un élément dont on a minimisé l’importance. Garder les vitraux est insuffisant alors même que le bâtiment actuel est absolument sauvable. Prévus pour débuter à l’automne 2014 et s’achever à l’été 2015, les travaux ne sont pas lancés à ce jour.
A la différence de la chapelle contemporaine des Goélands dont la destruction a vu nombre de voix contestataires s’élever, la chapelle Sainte-Thérèse va disparaitre dans une indifférence manifeste, du moins dans une absence de réactions empreinte de fatalisme et d’immuabilité. Moi qui découvre ce sanctuaire en tombant amoureux du quartier des Demoiselles et de son humanité, je ne peux me résoudre à croire que les erreurs du passé puissent être une nouvelle fois reproduites alors qu’elles sont évitables en prenant le temps qu’il faut. Peut-être n’est-il pas trop tard, j’essaye de m’en persuader.
William Chevillon, le 30 novembre 2014
http://williamchevillon.over-blog.com/2014/11/la-destruction-de-la-chapelle-sainte-therese-est-elle-reellement-ineluctable.html
https://www.change.org/p/responsables-du-doyenn%C3%A9-de-la-paroisse-et-du-dioc%C3%A8se-sauvons-la-chapelle-baln%C3%A9aire-sainte-th%C3%A9r%C3%A8se-de-saint-jean-de-monts