Zéro plus zéro égal ?
Ce n’est pas le mur des lamentations, mais ça grince dans les engrenages ! Roland Jourdain (Veolia Environnement) croyait s’être extrait des miasmes du Pot à l’issue d’une journée pour le moins paisible mais suffocante, et voilà que Neptune l’enserre de ses tentacules cumuliformes. Et un orage par-ci, et un grain par-là : le marin étire sa peine à encore 25 milles dans le Sud de la ligne de changement d’hémisphère ! De quoi tourner en rond toute la nuit et le solitaire a bien tenté des routes à 90° du cap normal, rien n’y a fait : quand il n’y a rien, autant aller se coucher… Dure sentence pour Bilou qui voit ses chances de retour s’amenuiser quand pendant ce temps, son poursuivant petit à petit, fait son nid. Pas suffisamment toutefois pour mettre de la pression dans la dépression : les alizés de Sainte-Hélène sont aussi partis se refaire une santé bien loin de leur position habituelle ! Le zéphyr brésilien est un peu poussif et même quand Armel Le Cléac’h (Brit Air) se met travers au vent, cela ne dépasse que rarement les dix nœuds au large de Bahia… « C’est pas la joie », dirait Salvador.
Le carnaval de Rio n’a pas encore débuté et cela se sent au large du Cabo Frio : Marc Guillemot (Safran) peine encore sous un ciel chargé de grains, de pluies et de bouffées d’air tropical, et 200 milles plus à l’Est, Samantha Davies (Roxy) peut prendre le temps de faire une lessive : un bon déluge pour rincer, et un coup de chaud pour sécher ! Mais en attendant une nouvelle machine, le temps s’étire et les milles aussi : ça rame sec au large de Trindade… Quant à la troïka franco-britannique, elle n’est pas mieux lotie au-dessus du plateau abyssal argentin : cap à l’Est pour Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee Caffari (Aviva) qui ont bien du mal à se défaire d’airs contraires, cap au Nord pour Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) qui tente un contournement de masses orageuses déferlant du Rio de la Plata.
It’s a long way to…
L’Atlantique Sud est sens dessus dessous au point que Steve White (Toe in the water) est lui aussi à moitié encalaminé dans le Nord-Est des Malouines : les grands vents du Sud font là encore défaut alors qu’il navigue dans les Cinquantièmes ! Y’a plus de saison… Et que dire du Pacifique ! Mama mia… L’Américain Rich Wilson (Great American III) a beau avoir fêté l’investiture de Barak Obama, l’océan n’est pas franchement ridé : une petite moyenne en deçà des dix nœuds à 850 milles du cap Horn ! Même distance pour les deux compères de queue par rapport à leur dernière porte des glaces à franchir. Mais au rythme d’un sénateur, le temps d’arriver au cap Dur, le vainqueur du Vendée Globe aura déjà avalé force steaks… Moins de 10 000 milles toutefois pour Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) avant d’apercevoir les digues des Sables d’Olonne. Allez, Eole, reprend ton souffle !
Classement à 5h00 :
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 2828,6 milles de l’arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 440,1 milles du leader
3- Armel Le Cléac’h (Brit Air) à 1022,1 milles
4- Marc Guillemot (Safran) à 1890,4 milles
5- Samantha Davie (Roxy) à 1971,3 milles
6- Brian Thomson (Bahrain Team Pindar) à 2604,6 milles
7- Dee Caffari (Aviva) à 2637,1 milles
8- Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2771,5 milles
9- Steve White (Toe in the water) à 3686,1 milles
10- Rich Wilson (Great American III) à 5147,8 milles
11- Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) à 6881,3 milles
12- Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) à 6901,4 milles